« J’ai réussi le CRFPA et j’ai majoré le droit pénal » (témoignage)
- Augustin Mercier

- 24 oct.
- 10 min de lecture
Deux échecs en médecine, une réorientation en droit, et quelques années plus tard, une réussite éclatante : Charles décroche le CRFPA et majore l’épreuve de droit pénal avec 18,5/20. Dans cet entretien exclusif pour Pamplemousse Magazine, il raconte son parcours, ses doutes, ses outils pour réussir le CRFPA, sa méthode et ses conseils à tous ceux qui rêvent de devenir avocat.

Pourquoi avoir choisi le droit pénal au CRFPA ?
Après un échec en médecine, je me suis réorienté en droit sans trop savoir ce que je voulais faire plus tard. Je venais de rater l’objectif que je m’étais fixé et le seul métier que j’avais en tête, alors je me suis dit :
« Je vais faire de l’argent en droit des affaires. »
J’ai commencé par beaucoup le droit des sociétés, mais beaucoup moins la suite, en découvrant les procédures collectives et les entreprises en difficultés.
Parallèlement, j’ai commencé le droit pénal en deuxième année de licence et j’ai tout de suite adoré cette matière.
C’est en travaillant le droit pénal et en faisant des stages dans des cabinets d’avocats exerçant en droit pénal que j’ai changé d’avis.
« En découvrant ce qu’était le travail de l’avocat pénaliste, je me suis rendu compte que je préférais défendre des personnes physiques pour qui une condamnation aura des conséquences très importantes sur sa vie future. Je préférais défendre une vraie personne devant moi plutôt qu’une société. »
En Master, j’étais convaincu : je voulais devenir avocat en droit pénal.
Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans le CRFPA ?
Ma passion du droit pénal.
J’adorais cette matière et je voulais faire ça plus tard.
Je ne voyais pas comment je pouvais exercer en droit pénal et faire ce que je voulais autrement qu’en étant avocat.
Je me suis donc inscrit pour passer le CRFPA à la fin du Master 1.
Est-ce qu’il y a eu un moment où tu as failli abandonner ?
Pendant la préparation du CRFPA, j’adorais ce que je faisais. Je trouvais que ce que j’apprenais en prépa était passionnant.
J’ai donc très bien vécu la préparation du CRFPA en juillet/août, mais une fois l’été terminé, je ne me voyais pas recommencer pour un été de plus, sous aucun prétexte !
En attendant les résultats, j’ai dit à tout le monde que si je ne l’avais réussi du premier coup, jamais je ne le repasserai. Je pensais qu’après deux échecs en médecine, je ne serais pas capable d’en supporter un troisième.
Les résultats de l’admissibilité tombent : j’ai échoué à 0,3 point.

« Comme Dupont-Moretti quand il a dit qu’il ne serait jamais garde des Sceaux, j’ai respecté mon engagement en me réinscrivant pour une seconde tentative dès le lendemain des résultats. »
Qu’est-ce qui t’a finalement fait tenir jusqu’au bout ?
Premièrement, le fait d’avoir raté les écrits de si peu.
Je me suis dit que je ne pouvais pas rester sur un échec, que si j’étais aussi proche de réussir en ne l’ayant travaillé que deux mois pendant l’été après mon M1, je serais capable de le faire en travaillant autant l’été d’après sachant que ce ne serait plus que des révisions, je n’aurais rien de nouveau à apprendre.
Deuxièmement, l’envie de faire du droit pénal plus tard et ma conviction que je ne pouvais faire ce que je voulais qu’en étant avocat. Je n’avais donc pas le choix, je devais réussir.
Et enfin, une grosse dose d’égo : il était hors de question que je m’arrête encore sur un échec.
Si tu devais résumer ton état d’esprit au début de la préparation, ce serait quoi ?
« Oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce. Sur un malentendu, ça peut marcher. »

Ta méthode de préparation au CRFPA
Comment t’organisais-tu au quotidien (planning, rythme, pauses, sport, etc.) ?
J’avais fait un tableau Excel pour organiser mon emploi du temps pendant tout l’été.
J’ai commencé par y mettre les cours de la prépa et les concours blancs.Puis j’ai ajouté mes périodes de travail personnel, en détaillant à chaque fois quel chapitre je devais travailler.
Ainsi, je n’avais pas à réfléchir le matin pour me demander quelle matière et quel chapitre je devais travailler, et j’étais sûr qu’une fois mon programme terminé, j’aurais révisé 3 ou 4 fois chaque chapitre : une fois en cours, une fois seul, une fois en concours blanc et une fois à la fin de la prépa avant le début de la semaine d’examen.
Mon programme prévoyait en général des plages de travail de 8h30 à 18h30, sauf quand un cours de prépa était le soir — je le faisais en plus.
Cela me laissait le temps, le soir, si besoin, de finir mes objectifs de la journée tout en ayant une soirée au calme sans travailler.
En général, j’essayais de travailler deux heures après la note de synthèse le samedi après-midi, mais il m’est arrivé plusieurs fois d’être trop fatigué après cinq heures d’épreuve et d’avoir besoin de faire une pause.
« Ça ne sert à rien de s’acharner à travailler lorsqu’on est trop fatigué. Le seul intérêt est de se donner bonne conscience parce que l’on ne retient rien dans cet état. »
Je prenais également le dimanche matin pour traîner dans mon lit avant de me remettre à travailler le dimanche après-midi.

J
’avais pris la prépa à distance les deux fois où j’ai passé le CRFPA. Ça m’évitait de perdre du temps dans les transports. Ça me correspondait très bien : j’avais exactement les mêmes cours qu’en allant à la prépa, je faisais les mêmes concours blancs et j’avais autant que les étudiants en présentiel la possibilité de poser mes questions à un prof par mail ou par téléphone.
En plus, à distance, nos copies nous sont rendues dès qu’elles sont corrigées, donc pas besoin d’attendre une semaine complète pour avoir ses notes.
Mais pour cela, il faut être capable de passer deux mois dans sa chambre à travailler, et donc de travailler, dormir et souvent de prendre ses repas dans la même pièce.
Pour éviter de devenir complètement fou, j’allais marcher tous les jours autour de chez moi, et je sortais prendre un verre avec des amis le samedi soir pour me changer les idées.
Quelles étaient tes méthodes de révision du CRFPA ?
Je suivais les cours de la prépa, et surtout je faisais tous les concours blancs.
« Pour moi le seul moyen de réussir c’est les concours blancs. Il faut tous les faire et respecter les délais de la prépa pour avoir ses notes rapidement, nous permettre de suivre la correction avec sa copie. »
Je reprenais systématiquement la correction du prof avec ma copie et je préparais mes majeures et mes protocoles en notant chaque condition, chaque point de droit que le prof avait évoqué dans le corrigé.
À la fin, j’avais pour chaque thème une liste des conditions à vérifier que je déroulais ensuite sur ma copie.
Si je ne pouvais pas faire un concours blanc à l’heure prévue, je le faisais en avance pour toujours avoir ma copie corrigée.
Mais si c’est un chapitre que l’on connaît par cœur, il faut quand même faire le concours blanc : ça permet de corriger les petits points perdus sur sa copie.
« Au pire, c’est une bonne note assurée qui fait beaucoup de bien au moral (toujours l’égo, mais c’est une très bonne motivation). »

As-tu suivi les cours à l’IEJ ?
Je n’ai jamais suivi un cours de l’IEJ.
Je me suis concentré toute l’année sur mon master puis je me suis plongé à corps perdu dans la préparation du CRFPA à la fin du mois de juin avec le début de la prépa estivale.
« Je pense que deux mois sont suffisants pour se préparer, à condition de le faire sérieusement. »
As-tu suivi une prépa ? Si oui, comment tu l’as utilisée ?
J’étais à Pré-Barreau en distanciel lors de mes deux passages du CRFPA.
« Sincèrement, la meilleure décision que j’ai prise et ce qui m’a permis d’y arriver. »
J’ai suivi tous les conseils que les profs nous donnaient.
En plus, ils ont une capacité assez impressionnante à motiver les étudiants et à leur faire garder le moral.

Tu t’es préparé sur combien de temps pour le CRFPA ?
J'ai préparé le CRFPA à peu près deux mois, le temps de la prépa estivale.
Peut-on prendre une semaine de vacances durant l’été du CRFPA ?
Je ne pense pas qu'il faut prendre des vacacnes pendant la préparation estivale de l'examen du barreau.
C’est compliqué en voyant les photos de vacances de la famille et des amis, mais il faut rester motivé.

« Garder son objectif en tête : sur une vie, un été, ce n’est pas grand-chose pour réussir ce qu’on veut. »
On a tout le temps de prendre des vacances après l’école d’avocat et le rythme ou le stage final permet aussi de retrouver une vie sociale.
Cependant, il n’est pas impossible de s’accorder un week-end de pause dans l’été, à condition de bien faire ses concours blancs en amont et de suivre son programme le reste de la semaine.
« J’ai pris un week-end durant l’été de ma seconde préparation à l’examen. »
Comment as-tu réussi à avoir 18,5 en Droit pénal ?
J’aime beaucoup la matière, ce qui m’a permis de mieux retenir tous les points importants.
J’avais bien préparé mon code pour distinguer d’un coup d’œil les différentes conditions de chaque infraction.
« Il faut bien suivre la méthode de rédaction : élément légal, élément matériel et élément intentionnel. »
Si le dernier est souvent oublié, il est toujours aussi important et permet d’avoir tous les points.C’est d’ailleurs l’absence de l’élément intentionnel dans la dernière infraction à la fin de ma copie, par manque de temps, qui m’a fait perdre les 1,5 points manquants.
Quelle était ta stratégie pour réussir l'épreuve de droit pénal ?
Pour réussir en Droit pénal au CRFPA, j'ai préparé mon code avec attention pour identifier chaque condition et les jurisprudences importantes pour avoir des exemples pendant la rédaction.
« Développer chaque condition, même rapidement si c’est flagrant, mais montrer que l’on n’a rien oublié. »
Et puis ne jamais manquer un concours blanc : toute correction est bonne à prendre.
Quelle a été ta stratégie de préparation à la note de synthèse ?
Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour évoquer la note de synthèse.
Malgré des notes correctes et en progression tout le long de ma préparation, j’ai magnifiquement brillé au CRFPA en gardant la même note les deux fois : 7,5 !
Plus sérieusement, je pense qu’il faut s’entraîner mais qu’on est meilleurs sur un type de dossier plutôt qu’un autre, chacun ayant sa manière de réfléchir.
« Il faut s’entraîner sur différents thèmes mais surtout sur différentes constructions de dossiers. »
J’avais l’habitude de faire des notes de synthèse avec une trentaine de documents, puis le jour du CRFPA il y en avait deux fois moins — des documents plus longs, plus denses, et à utiliser plusieurs fois.
Comment gérais-tu ton stress pendant ta préparation ?
J’ai passé le CRFPA les deux fois à Assas.
Je passais donc l’examen dans les mêmes conditions que mes partiels depuis la L1, ce qui m’a permis de m’enlever une grande partie de mon stress.
J’étais assez stressé lors de ma première tentative, puis je me suis rendu compte de ce que c’était vraiment et de ce qu’on attendait réellement des candidats.
« Le premier passage était le meilleur entraînement que je pouvais faire. »
Je suis donc arrivé beaucoup plus détendu et sûr de moi la deuxième fois.
Tes erreurs et ce que tu as appris lors du CRFPA
Quelles erreurs as-tu faites au début de la préparation ?
Chercher à apprendre par cœur sans comprendre le fond.
S’il est important de connaître les différentes conditions des infractions, on les retrouve aussi facilement dans le code.
« Il est donc beaucoup plus facile de rédiger et d’expliquer sa pensée lorsqu’on a bien compris le mécanisme juridique derrière. »
Qu’est-ce que tu referais différemment si c’était à refaire ?
En ayant passé deux fois l'examen d'entrée au CRFPA, j’ai eu la chance de pouvoir me poser la question.
Les vrais changements que j’ai faits sont liés au fait que j’avais déjà appris le fond une première fois : ce n’était donc que des révisions.
« Je perdais moins de temps à faire des fiches de droit que je ne relisais pas forcément, mais je me concentrais sur mes protocoles que je préparais de manière simple et claire pour les relire facilement. »
🗓️ Le jour J
Comment se sont passés les écrits ?
En passant l’examen à Assas, j’étais dans un environnement que je connaissais par cœur depuis cinq ans. J’étais confiant grâce à tous les entraînements que j’avais faits en prépa.
« Les écrits se sont bien passés. »
Quand réviser le grand oral ?
La première fois, je voulais commencer à réviser tôt le grand O' mais je n’arrivais pas à me concentrer et j’étais très partagé sur mes chances d’aller aux oraux.
« Étonnamment, ça a été un soulagement de ne pas y aller, je ne me sentais pas prêt. »
La deuxième fois, j’étais sûr de moi. J’ai donc commencé à réviser les oraux une semaine après la fin des écrits.
Je suivais les cours de Pré-Barreau, faisais des fiches courtes sur les droits et libertés fondamentaux et travaillais avec le code de libertés fondamentales et les recueils autorisés.
Tu as eu quoi comme sujet au Grand O ?
« Peut-on placer en rétention administrative un mineur accompagné de ses parents ? »
J’ai réussi à m’en sortir en développant les principes de l’intérêt supérieur de l’enfant et du droit à la vie privée et familiale.
L’exposé ne s’est pas trop mal déroulé, mais l’entretien a été plus difficile : le jury m’a beaucoup interrogé sur du droit public, ce qui n’est pas du tout ma matière.
Une anecdote marquante à partager ?
Lors d’un stage chez une avocate qui m’avait fait rêver en entretien en me disant qu’elle ne faisait que du droit pénal et notamment des dossiers criminels.
Finalement, je n’ai rien fait pendant mon stage, elle n’était jamais là et m’a dit que je n’y connaissais rien en pénal et que je devrais changer de voie parce que je n’avais aucune chance.
« Trois mois après, je majorais l’épreuve de pénal. »
Conclusion : ne jamais abandonner, même si quelqu’un vous dénigre.
Et ta réaction quand tu as appris que tu étais major du "CRFPA" ?
Je l’ai appris assez tard. J’étais étonné d’avoir aussi bien réussi en voyant mes notes et en lisant le commentaire de ma copie.
« Je ne pensais pas avoir aussi bien réussi mon épreuve. »
Je l’ai découvert plus tard sur le site de Pré-Barreau : j’étais major du CRFPA en droit pénal.
Ça m’a permis de calmer mon syndrome de l’imposteur et de comprendre que mon travail avait payé.
Ton message pour les prochains candidats
Que dirais-tu à un étudiant qui se sent perdu ou qui pense qu’il n’y arrivera pas ?
« C’est normal de ne pas avoir des super notes en prépa, le concours blanc est aussi un moment d’apprentissage. »
Il ne faut pas rester bloqué sur les résultats, mais bien se concentrer sur la méthode et l’application des protocoles.
Y a-t-il une phrase, une citation ou un mantra qui t’a porté pendant la prépa ?
« Appliquer les protocoles, détailler chaque condition avec une jurisprudence en exemple à chaque fois. »
Propos recueillis par Augustin Mercier



