Le Barreau-mètre, le classement bien-être des cabinets d'avocats (interview)
- Pamplemousse
- 4 juin
- 12 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 jours
Et si les talents du droit pouvaient enfin choisir leur cabinet d’avocats en connaissance de cause ? Et si on regardait la réalité derrière les plaquettes corporate ? C’est le pari du Barreau-mètre, un classement participatif imaginé par Augustin Mercier, également fondateur de Pamplemousse Magazine, accompagné des ténors du secteur juridique. Il nous livre ici sa vision, ses constats, et son combat pour remettre l’humain au cœur du droit. Et pour faire du Barreau-mètre un outil permettant aussi aux cabinets de s'améliorer, grandir et devenir plus performants.
Extrait : "Il arrive encore que des jeunes pleurent dans les toilettes, que des collaborateurs se fassent jeter des dossiers au visage, que des assistants se fassent harceler… comme si tout était normal car “c’est comme ça en cabinet”.
🧠 LE BARREAU-MÈTRE – Le classement bien-être qui secoue les cabinets d'avocats
1. Augustin, 5 ans après avoir fondé Pamplemousse, tu as lancé Le Barreau-mètre. C’est quoi, exactement ?
Le Barreau-mètre est un classement participatif, évolutif, des cabinets d'avocats où il fait bon vivre.
Il a pour objectif de mettre en lumière les cabinets où l’on peut s’épanouir sainement pour que les talents puissent les trouver plus facilement et les rejoindre.
Les stagiaires, les élèves-avocats, les collaborateurs et même les fonctions supports votent de manière anonyme, en toute liberté. Les critères pris en compte sont ceux du bien-être au travail.
Par exemple, vous allez noter :
l’ambiance,
l’encadrement et le management,
la culture d’entreprise et ses valeurs,
l’équilibre vie personnelle vs vie professionnelle,
le sentiment d’appartenance,
la capacité du cabinet à créer de l’apprentissage.
Bref, ce sont des critères dont n'importe quelle collaborateur a besoin pour se sentir respecté, épanoui, engagé.
C'est gratuit, transparent et aussi utile aux talents qu'aux cabinets d'avocats.
2. Pourquoi un classement des cabinets d’avocats aujourd’hui ?
Parce que le malaise est profond, diffus mais bien réel. Et que l'image et l'attractivité de la profession, pourtant si belle et noble, se dégrade dangereusement.
Aujourd'hui encore je faisais la rencontre d'une avocate qui me parlait de l'omerta qui régnait dans le secteur, dont certaines institutions sont tenues par ceux-là même qui font régner une certaine terreur.
A titre d'exemple, en 2023, avec Dalloz, on a réalisé la première grande consultation du genre pour mesurer la santé mentale des avocats (résultats ici).
Quand j’y ai appris que 1 avocat sur 2 avait déjà été proche du burn-out, j’en suis tombé de ma chaise !
La conclusion a été simple : il fallait faire quelque chose pour que nos 200 000 talents accompagnés jusque là avec Pamplemousse puissent bosser en paix dans les cabinets d’avocats.
Car malheureusement, il arrive encore que des jeunes pleurent dans les toilettes, que des collaborateurs se fassent jeter des dossiers au visage, que des assistants se fassent harceler… comme si tout était normal car “c’est comme ça en cabinet”.
Mais non, ce n'est pas une fatalité ! Il faut nommer les choses, mesurer ce qui peut l’être, et provoquer une prise de conscience collective. Ce classement est une objectivation d’un ressenti générationnel.
Et puis un super moyen pour mettre en lumière les équipes les plus humaines.
3. Qu’est-ce qui t’a choqué ou interpellé à l’écoute des stagiaires et collaborateurs ?
Pas mal de trucs pour être honnête.
Par exemple le décalage entre les discours et les pratiques internes. Le fait qu’on vend du rêve sur les sites web des cabinets, mais qu’en réalité, les jeunes talents sont souvent mal encadrés, mal considérés.
Le manque de compétences en management. Les demandes inappropriées comme aller sortir le chien de l'associée ou aller chercher ses enfants à l'école. Le manque d'humanité, parfois, tout simplement.
On demande beaucoup aux collaborateurs sans leur donner les outils, le sens, ni la reconnaissance. Et ce malaise est systémique, pas marginal.
Je pourrais en parler pendant des heures...
4. Qu’est-ce que ça dit de notre époque, ce besoin de mieux évaluer les lieux de travail dans le droit ?
Ça dit que la génération Z ne fonctionne plus par loyauté aveugle. Elle veut comprendre, comparer, choisir en conscience.
Elle a été élevée dans la transparence des avis, des notations, des témoignages. Elle applique cette culture au droit, et elle a raison. Ce besoin, c’est aussi un besoin de justice.
5. Comment as-tu construit les critères évalués sur Le Barreau-mètre ? Sur quoi repose la légitimité du classement ?
J'ai construit cet outil avec les avocats eux-mêmes. Et notamment les associations d’élèves-avocats et jeunes avocats.
Je me suis entouré aussi de fins connaisseurs du secteur : des dircom’ de grands cabinets, des conseillers, des personnes sensibilisées au bien-être dans le monde du travail.
C'est fou ce que absolument tout le monde, sauf une minorité qui détient les clés de la bagnole, veut que les choses changent.
On a croisé les attentes des uns et des autres. Les critères sont adaptés au profil du votant (stagiaire, élève-avocat, fonction support, collab junior...) et au type de cabinet. Chaque vote est pondéré, anonymisé, et les données sont sécurisées.
C’est cette méthodologie participative, couplée à notre puissance de frappe dans le monde du droit qui fait notre force, avec des marques fortes comme Pamplemousse et Bordel de Droit.
6. Certaines personnes ont peur que ce genre d’initiative dénonce ou stigmatise comme on le voit sur "Balance ton cabinet d'avocats" ? Qu’est-ce que tu leur réponds ?
Que le Barreau-mètre n’est pas un tribunal, et qu'on veut être l'inverse de Balance ton cabinet d'avocats. Ici, pas de “name and shame”. On veut être constructifs. C’est un miroir. On photographie, on écoute, on mesure. On ne dénonce pas bêtement pour diffamer, c’est d’ailleurs interdit et modéré.
Si un cabinet est équilibré, humain, inspirant : tant mieux, ça se saura. S’il y a des problèmes structurels : c’est l’occasion de les affronter. Le classement est un point de départ, pas une sentence.
D’ailleurs, les cabinets qui ne dépassent pas une certaine note globale ne sont pas affichés.
7. Tu parles souvent d’un outil “pour faire bouger les lignes” : tu vises quoi exactement ?

Je vise un double mouvement :
un mouvement de responsabilisation chez les cabinets,
et un mouvement d’empowerment chez les jeunes.
Qu’on cesse de dire "c’est comme ça dans le droit". Qu’on ose poser la question : "et si on faisait mieux ?".
Le Barreau-mètre se veut être une une boussole pour que plus personne ne postule dans une équipe dirigée par un tyran.
8. Est-ce que certains cabinets ont déjà réagi ?
Oui, et c’est encourageant. Certains cabinets ont pris les devants : ils veulent être évalués, progresser, comprendre les attentes des jeunes.
Certains ont voulu qu’on vienne les voir et qu’on filme ce qu’il s’y passe, en toute transparence. La vidéo est un format fort de notre grand projet.
D’autres nous regardent avec méfiance. Mais tous observent. Et plus le regard collectif est fort, plus les pratiques bougent. C’est ce que l’on espère.
Revenons sur la vidéo, tu peux nous en dire plus ?
On veut réduire l’inadéquation entre l’offre d’emploi et le candidat pour éviter les déceptions de part et d'autre.
Pardon pour la métaphore mais c'est comme dans un couple, il faut que ça matche pour que ça fonctionne sur le long-terme. Et pour ça, il faut se mettre à nu, avec ses avantages, ses failles, sa vision...
On en a tous marre des offres d’emploi insipides et surtout mensongères, non ?
Alors avec la vidéo, l’idée est simple : on introduit la caméra dans les couloirs et les bureaux et je pose les questions que je souhaite, sans préparation possible de la part des gens interviewés.
Je veux capter l’ambiance, l’esprit, la dynamique. Je veux donner la parole aux vraies personnes qui travaillent, je veux montrer la vérité, faire ressentir la “vibe”. Je veux les mettre à poil pour le bien de tous, et d'abord pour celui des cabinets.
Terminé les candidats qui postulent à l’aveugle et les recruteurs qui font des erreurs de recrutement. On fait gagner du temps et de l'argent à tout le monde.
Mon rêve, c’est que je veux qu’un jeune avocat se dise “ce cabinet me ressemble, je pourrai m’y épanouir et grandir”.
Et qu’un recruteur se dise “J’ai une équipe à mon image et qui partage ma vision, mes valeurs”.
Voir le Micro-couloir d’Augustin chez Bruzzo Dubucq (cabinet d’avocats en droit des affaires)
9. Pourquoi c’est important de donner la parole aux stagiaires, élèves-avocats, jeunes collaborateurs ?
Parce qu’ils vivent de l’intérieur ce que peu de gens voient vraiment. Ils sont les capteurs les plus sensibles d’un climat, d’une ambiance, de la sanité ou de la toxicité du bureau.
Ils savent dire s’il y a du respect, du soutien, de la reconnaissance. Trop souvent, leur parole est perçue comme naïve ou secondaire. Or elle est essentielle pour évaluer une culture d’entreprise.
7 questions posées par la communauté Pamplemousse sur le Barreau-mètre
Ces jeunes sont au cœur de l’expérience vécue. Ils détectent en premier les comportements toxiques par exemple. Ce sont eux qui vivent, au quotidien, la réalité.
Et puis il faut se rappeler qu'avec nos milliers de conseils, nos Fiches de droit fabriquées par des enseignants et experts en neuro-sciences, nous avons accompagné des dizaines de milliers d’étudiants en droit à la réussite, tout en leur donnant le sourire. Il est temps de les orienter au mieux pour continuer leur chemin. Ce classement répond à une attente générationnelle forte : celle de choisir un environnement de travail en accord avec ses valeurs.
Le bien-être, l’écoute, la pédagogie sont des critères qui comptent plus que ça. |
🍊 PAMPLEMOUSSE – De l’éducation à la transformation du monde juridique
11. Revenons un peu en arrière. Avant le Barreau-mètre, il y a eu Pamplemousse. Comment est né ce projet ?
Pamplemousse est né d’un ras-le-bol.
Celui de voir tant d’étudiants brillants échouer en L1, non pas par manque de capacités, mais par manque de méthode, de clarté, d’accompagnement.
J’ai d’abord créé un compte Instagram, puis blog bourré de conseils pratiques et bienveillants, puis un site ecommerce pour proposer pour la première fois en France dans le domaine des Flashcards, puis nous avons concocté une formule magique pour fabriquer les meilleures fiches de droit.
Et rapidement, c’est devenu un média engagé, et une communauté d’entraide incroyable de 200 000 jeunes.
12. Quel était ton objectif au départ ?
Mon objectif, c’était de transmettre. J'ai été étudiant en droit et je sais ce que c'est de bosser dur, à l'aveugle. Le stress que ça engendre, notamment parmi ceux qui doivent aussi bosser à côté pour parvenir à leurs besoins primaires. Je voulais donner des clés, on les appelle les hacks,, que personne n’apprend à un gamin de 18 ans pour s’organiser, se concentrer, être bien dans son corps et sa tête… autant d’ingrédients fondamentaux pour réussir ses études de droit.
Bref, je voulais qu’un étudiant en droit se sente compris, outillé, rassuré. Qu’il trouve chez Pamplemousse des outils incroyables mais aussi une énergie. On est aujourd'hui n°1 sur Amazon et on a conquis des dizaines de milliers d'étudiants, grâce à une équipe de stars qui bosse dur pour rassurer et faire réussir.
13. Tu parles souvent de “faire aimer le droit”. Pourquoi ce parti pris ?
Parce qu’on apprend mieux ce qu’on aime. Et que le droit n’est pas censé être une épreuve de force. Il peut être beau, clair, puissant. Mais pour cela, il faut des formats adaptés, une pédagogie active, et une narration positive. C’est ce qu’on essaye de faire tous les jours.
14. Qu’est-ce qui différencie Pamplemousse des autres acteurs de l’édition juridique ?
On est jeunes ! On est sur le terrain. On parle comme les étudiants parlent parce qu'on est comme eux. On leur parle tous les jours. On fait de la pédagogie avec sincérité. On fait les choses différemment, à commencer par notre FIGADA, notre premier ouvrage. Nos fiches sont conçues pour être apprises avec leur coeur, et non par coeur.
On s’appuie sur les neurosciences, les feedbacks étudiants, et surtout, on n’a pas peur de faire autrement, joli, fun, humain. L’exigence ne doit pas exclure la joie.
15. Comment tu expliques l’engouement des étudiants pour les contenus, les fiches Pamplemousse, vos vidéos ?
Parce qu’ils sentent qu’on est là pour eux. On ne leur vend pas une promesse abstraite, on les accompagne pour de vrai. On les motive, on les challenge, on les comprend. Et on essaie d’injecter un peu de plaisir et de réconfort dans une discipline souvent rude.
Je vous parlais juste avant de l'avocate que je viens de rencontrer ? Eh bien croyez-moi ou pas, mais 5 secondes après lui avoir dit bonjour, une étudiante me reconnait et m'arrête pour me remercier de faire ce qu'on fait. Elle s'appelle Zoé, elle attendait sa mère, elle est en L2, elle était en plein partiels, et elle était juste heureuse de pouvoir bosser avec les outils Pamplemousse car ça lui fait gagner du temps et des points.
16. Tu as une approche très sensorielle, très humaine de la pédagogie. C’est assumé ?
Oui, et revendiqué. Le cerveau apprend mieux quand il est stimulé positivement. Quand on fait appel à l’image, au rythme, à l’émotion. La pédagogie ne doit pas être punitive ou aride. Elle doit être vivante, incarnée, joyeuse, parfois même drôle. C’est comme ça qu’on retient.
Je n'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi on n'apprenait pas en primaire à... apprendre. Quelques heures à étudier le cerveau et les neuro-sciences feraient du bien à tous.
17. Pamplemousse, c’est aussi une équipe. Qui est derrière ce projet ?
Une équipe passionnée. Des juristes, des profs, des graphistes, des pédagogues, mais aussi des anciens étudiants devenus mentors et communiquants. On est tous animés par la même envie : aider, transmettre, faire bouger les lignes. On a chacun notre style, mais une même exigence.
18. Aujourd’hui, tu passes de la pédagogie au monde professionnel. Tu veux créer une continuité ?
Absolument. Le lien est évident. On accompagne des étudiants, puis ils deviennent jeunes pros, et ils se retrouvent parfois seuls, désorientés. Avec le Barreau-mètre, on prolonge l’accompagnement. On leur donne des repères dans le monde du travail. C’est la même mission, adaptée à une autre étape de la vie.
19. Quels sont les liens entre Pamplemousse et le Barreau-mètre ?
Une même obsession : l’impact positif. Et une même méthode : co-création, écoute, sincérité. Le Barreau-mètre, c’est Pamplemousse version monde pro. C’est notre façon d’élargir notre action sans trahir notre ADN. Et ce n’est pas terminé…
🚀 CE QUI VIENT APRÈS – Une nouvelle génération à écouter
21. Qu’est-ce qui t’anime au quotidien aujourd’hui ?
L’envie de créer des ponts. Entre les générations. Entre la théorie et la pratique. Entre les aspirations individuelles et les logiques collectives. Je veux que Pamplemousse et le Barreau-mètre donnent du courage à celles et ceux qui veulent faire autrement. J'invite les cabinets à nous écrire s'ils veulent changer.
22. Si tu devais résumer ta vision du droit en une phrase ?
Le droit est un levier. Il peut écraser, ou il peut élever. À nous de choisir ce qu’on en fait.
23. Tu parles souvent de génération Z. En quoi elle est différente ?
Elle est exigeante, lucide, rapide. Elle veut du vrai, du concret, du respect. Elle ne supporte plus les injonctions absurdes. Elle a envie d’excellence, mais pas au prix de sa santé mentale. Et surtout, elle veut participer à la définition du monde du travail, pas juste le subir.
24. Comment les cabinets doivent évoluer s’ils veulent attirer les meilleurs talents ?
Ils doivent repenser leurs fondamentaux. Apprendre à manager. Travailler la clarté, la reconnaissance, l’autonomie. Créer des environnements d’apprentissage, notamment avec l’IA qui a changé en profondeur la façon de pratiquer le droit. Faire confiance. Communiquer sincèrement. Et surtout, écouter. Écouter ce que disent les jeunes, même quand ça dérange. On veut les y aider.
25. Et toi, c’est quoi ton rêve pour dans 5 ans ?
Que Le Barreau-mètre soit devenu un réflexe. Que Pamplemousse ait continué à inspirer, à transmettre. Que d’autres projets aient émergé. Que le monde du droit ait bougé, même un peu, grâce à notre action. Et que des milliers de jeunes se disent : "j’ai trouvé ma place".
Que les femmes soient respectées, que ceux de l'ancien monde soient à la retraite ou rétrogradés.
🚀 Conclusion : une génération qui ne veut plus subir
Aujourd’hui, les jeunes professionnels du droit veulent plus qu’un nom sur leur CV. Ils cherchent du sens, de la reconnaissance, un cadre sain pour s’épanouir. Le Barreau-mètre, dans la lignée de Pamplemousse, offre une boussole nouvelle génération pour naviguer dans un monde en pleine mutation.
👉 Tu as eu une expérience, viens évaluer ton cabinet et ajouter ta pierre à l’édifice ! Le Barreau-mètre.
👉 Vous êtes un cabinet d’avocats et vous voulez comprendre les attentes des jeunes talents ? Contactez-nous (contact@pamplemousse-magazine.co)
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