Découvrez toutes les statistiques sur la qualité de vie et le bien-être des avocats ! Stress, rythme, sens au travail, discriminations et harcèlements, management et relations entre associés et collaborateurs, attentes des avocats, télétravail… Découvrez tous les chiffres sur la qualité de vie en cabinet d’avocats collectés grâce à la grande enquête de Pamplemousse Magazine réalisée auprès de 1 028 répondants, en partenariat avec Bordel de Droit et Dalloz. 🔎
Sommaire
💡 8 chiffres à retenir :
▶️ Plus d’1 avocat sur 4 déclare arriver “assez souvent” ou “très souvent” au cabinet la boule au ventre ;
▶️ 64 % des collaborateurs pleurent au moins une fois par an ;
▶️ Plus d’1 avocat sur 3 a déjà vécu une forme de harcèlement au sein d’un cabinet ;
▶️ Plus d’1 avocat sur 5 a déjà été confronté à une forme de discrimination (45 % pour les femmes ayant connu un état de grossesse) ;
▶️ 69 % des collaborateurs estiment que leur cabinet ne met pas suffisamment d’actions en place pour améliorer le bien-être au travail ;
▶️ 52 % des avocats estiment avoir déjà été proches du burn-out à cause de la profession ;
▶️ 32 % des collaborateurs ressentent un manque de sens dans leur activité ;
▶️41 % des répondants n’estiment pas du tout ou pas vraiment avoir des relations saines avec leur manager.
Contexte de l’enquête
🎤 N.B. : cette enquête pointe du doigt un certain mal-être des collaborateurs ainsi que des cabinets dont l’ambiance et le management s'avèrent parfois toxiques. Évidemment, tous les avocats ne sont pas malheureux et frustrés dans leur pratique et tous les cabinets ne sont pas à mettre dans le même panier. Il existe des avocats heureux et épanouis et des cabinets où il fait bon travailler.
Ces derniers temps, de nombreux témoignages de collaborateurs, élèves-avocats et fonctions supports travaillant dans des cabinets d'avocats ont été publiés sur les réseaux sociaux et dans la presse, suscitant des interrogations sur les conditions de travail dans ce domaine.
À titre d’exemple, le compte Instagram “Balance ton cabinet d’avocats” s'est fait l'écho de multiples abus, pratiques toxiques, discriminations ou encore harcèlements relevés dans certains cabinets d’avocats, que ces derniers soient de petite ou de grande taille.
Aujourd'hui, beaucoup d’avocats quittent la robe après seulement quelques années d’exercice. Pamplemousse Magazine, en partenariat avec Dalloz et Bordel de Droit a donc voulu lever le voile sur les conditions d’exercice et le bien-être au travail dans les cabinets d’avocats.
🔈 Méthodologie de l’enquête : La collecte a été effectuée via un formulaire en ligne de 60 questions, sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram, Twitter des communautés Pamplemousse Magazine, Dalloz, Bordel de Droit, Poney du Droit, Neurchi de Droit et via la newsletter de Pamplemousse Magazine.
🗓 Collecte effectuée courant mars 2023 auprès de 1 028 répondants (avocats collaborateurs ou individuels, avocats associés, juristes, élèves-avocats, fonctions support)
Panel des répondants :
85 % de femmes ;
15 % d’hommes ;
47 % d’avocats collaborateurs ;
22 % d’élève-avocats et stagiaires ;
11 % d’avocats en exercice individuel ;
7 % d’avocats associés ;
5 % d’assistants juridiques en cabinet ;
5 % de juristes en cabinet ;
2 % d’avocats salariés ;
1 % de recruteurs et fonctions supports.
Une étude pour améliorer les conditions de vie en cabinet d’avocats :
Sans vouloir jeter l’opprobre sur les uns ou sur les autres, cette grande enquête a pour objectif de collecter des milliers de données pour mieux comprendre ce qui se joue en cabinet, constater, faire réfléchir et permettre aux parties prenantes de trouver des solutions pour faire de la profession un monde meilleur.
Aujourd’hui encore, il reste quelques associés attachés aux pratiques d’un ancien temps et empreints d’un management “à l’ancienne”, exerçant sur leurs collaborateurs une pression extrême ayant pour finalité (directe ou indirecte) de fatiguer et de dégoûter les plus fragiles de la profession. Mais heureusement, de nombreux dirigeants (94 %) affirment qu’il leur appartient de mettre en place des actions pour améliorer le bien-être de leurs collaborateurs. Est-ce que cela est suivi pour autant des faits ?
Un avocat heureux est un avocat plus productif :
Les dirigeants des cabinets qui s’enquièrent du bien-être de leurs collaborateurs semblent avoir raison s’ils veulent continuer de développer de façon pérenne leur petite (ou grosse !) entreprise.
Les études sur la productivité des entreprises le montrent clairement : un travailleur heureux est plus productif qu’un travailleur malheureux. Quelques exemples :
Une étude menée par la Harvard Business Review a montré que les employés heureux sont en moyenne 31 % plus productifs que les employés mécontents (Source : Harvard Business Review, 2015) ;
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) a montré que les entreprises qui investissent dans la santé et le bien-être de leurs employés constatent une augmentation de la productivité de 10 à 25 % (Source : Organisation Internationale du Travail, 2010) ;
Une étude menée par la London School of Economics a conclu que les travailleurs heureux et engagés sont en moyenne 12 % plus productifs que leurs collègues moins engagés et moins heureux (Source : London School of Economics, 2014).
Une révolution du bien-être en marche :
Cette enquête confirme aussi les attentes d’une nouvelle génération d’avocats entrant sur le marché du travail. Des besoins auxquels les recruteurs n’ont d’autre choix que de tenter de combler.
Plus d’équilibre entre une vie personnelle et professionnelle, plus de sens dans leurs missions, plus de mobilité, plus de liberté et flexibilité, moins de stress, plus de respect et d’écoute… Une partie des jeunes avocats n’ont assurément pas envie de sacrifier leur vie pour un cabinet dans lequel ils ne se sentent pas bien.
Heureusement, et malgré les problématiques qui sont les leurs (gestion du cabinet, charges, disponibilité immédiate requise, recrutement, gestion de la clientèle, rythme exigeant, management des équipes…), certains associés mettent déjà en place des actions pour améliorer le bien-être dans leur cabinet.
De cette étude découlent autant de chiffres qui sauront faire réfléchir toutes les parties prenantes afin de créer un nouveau monde dans lequel chacun pourra se sentir plus gagnant. C'est-à-dire celui d’un environnement de travail épanouissant et sain dans lequel chacun peut exprimer tout son talent, avec le sourire.
Voici quelques questions auxquelles nous avons voulu répondre :
➡️ Quels sont les facteurs de stress pour les avocats, qu’ils soient collaborateurs ou associés ?
➡️ Quels éléments les rendraient plus heureux ?
➡️ Quel est l’état actuel de santé mentale des avocats ?
➡️ Y a-t-il suffisamment d’actions mises en place pour améliorer la qualité de vie au travail ?
➡️ Y a-t-il réellement des abus et des discriminations en cabinet d’avocats ?
➡️ La maternité est-elle un frein à la carrière d’avocat ?
➡️ Quelle est la place du sens au travail pour la jeune génération ?
➡️ Pourquoi semble-t-il y avoir si peu de sanctions des abus ?
L’état de la qualité de vie en cabinet d’avocats
🧘 69 % des avocats estiment être satisfaits de leur qualité de vie au travail dans leur cabinet actuel (en comparaison, une enquête sur "Qualité de vie au travail en Europe" réalisée par Eurofound en 2020 relevait que 91 % des salariés interrogés se disaient satisfaits de leur qualité de vie au travail, tandis qu’une réalisée par OpinionWay révélait en 2021 que 64 % des salariés interrogés se disent satisfaits de leur qualité de vie au travail).
C’est donc, un peu plus d'un tiers des avocats (31 %) qui n’en est pas satisfaits (dont 20 % "pas vraiment" et 11 % "pas du tout").
Il est également intéressant de noter que 44 % des avocats ne recommanderaient pas leur cabinet actuel à un ami. Et que plus de la moitié des avocats interrogés (52 %) ont déclaré envisager de quitter leur profession avant l'âge de la retraite (34 % des avocats sondés ont indiqué ne pas savoir s'ils quitteraient ou non leur profession avant la retraite).
Les principaux facteurs de stress des avocats
😱 La question du stress en cabinet d’avocats est centrale quand il s’agit d'étudier le sujet de la qualité de vie au travail.
Pour preuve, seuls 3 % des avocats déclarent ne pas subir du tout de stress au sein du cabinet. En revanche, 85 % des sondés affirment subir un taux conséquent de stress dont plus d’1 sur 4 déclare en ressentir “beaucoup”.
Nous avons demandé aux avocats quels étaient les 3 facteurs qui génèrent le plus de stress pour eux :
La disponibilité immédiate requise (cité par 43 % des avocats) ;
Les horaires de travail/le rythme exigeant (41 %) ;
La technicité des dossiers (37 %).
Voici les autres facteurs de stress les plus cités :
La conciliation vie personnelle, vie professionnelle (35 %) ;
Le management (35 %) ;
Le harcèlement/comportement toxique de la part des collègues/managers (21 %) ;
Les objectifs élevés de facturation (19 %) ;
Le manque de libertés (17 %) ;
L’insécurité de l’emploi (16 %) ;
L’ambiance de travail au cabinet (16 %).
Un métier qui demande d’être joignable à tout moment
La disponibilité immédiate requise est le facteur de stress le plus cité par ceux qui portent la robe (43 %).
Ces derniers sont en effet souvent soumis à des demandes urgentes et doivent se rendre disponibles à tout moment (que ce soit par email ou par téléphone, pour des clients parfois impatients et exigeants ou pour des collègues et managers).
Cette exigence de réactivité constante et immédiate, qui se prolonge souvent le soir et le week-end, peut entraîner une charge mentale importante et détériorer le bien-être des avocats.
Des avocats soumis à un rythme de travail soutenu
Les horaires de travail et le rythme exigeant sont cités par 41 % des avocats comme source principale de stress.
En effet, les avocats sont souvent soumis à des délais serrés et à des heures de travail très importantes, ce qui peut entraîner une fatigue physique et mentale considérable.
C’est d’ailleurs ce que confirme cette associée après avoir réalisé 10 ans de collaboration :
🎤 « C’est un métier extrêmement exigeant, dans lequel le client est roi. On ne compte pas ses heures à certaines périodes mais c’est inhérent au métier en lui-même (...). On sait qu’être avocat libéral demande plus de sacrifices que d’autres jobs ».
🎤 « Le rythme soutenu et aléatoire avec des horaires pouvant se prolonger tard dans la nuit est le principal obstacle au bien-être des avocats. Surtout quand on a le sentiment que la profession pourrait s'exercer autrement » ajoute un collaborateur.
⏰ 3/4 des avocats travaillent entre 40 et 50 heures par semaine
La charge horaire est également reconnue par une grande partie de la profession comme étant une source de stress.
La moitié (50,1 %) des avocats affirment travailler entre 40 et 50 heures par semaine et 30 % entre 50 et 70 heures (16 % moins de 40 heures). Mais qu’en est-il selon les profils ?
⏰ Le nombre d’heures moyen travaillées par les avocats collaborateurs
6 % des collaborateurs travaillent moins de 40 heures/semaine ;
73 % travaillent entre 40 et 50 heures/semaine ;
18 % des collaborateurs travaillent entre 50 et 70 heures/semaine ;
2 % travaillent entre 70 et 90 heures/semaine ;
1 % travaille plus de 90 heures/semaine.
⏰ Le nombre d’heures moyen travaillées par les élèves-avocats
5 % des élèves-avocats travaillent moins de 40 heures/semaine ;
86 % des élèves-avocats travaillent entre 40 heures et 50 heures/semaine ;
7 % des élèves-avocats travaillent entre 50 et 70 heures/semaine ;
2 % des élèves-avocats travaillent entre 70 et 90 heures/semaine ;
0 % des élèves-avocats travaillent plus de 90 heures/semaine.
À noter que la nouvelle génération de praticiens du droit sont moins à dépasser la cinquantaine d’heures par semaine. Et ce, alors qu'il leur est souvent demandé de faire leurs preuves et donc d'enchaîner les heures.
⏰ Le nombre d’heures moyen travaillées par les associés
7 % des associés travaillent moins de 40 heures/semaine ;
49 % associés travaillent entre 40 et 50 heures/semaine ;
37 % des associés travaillent entre 50 et 70 heures/semaine ;
3 % des associés travaillent entre 70 et 90 heures/semaine ;
4 % des associés travaillent plus de 90 heures/semaine.
Les associés sont donc ceux qui travaillent le plus puisque 44 % d’entre eux cumulent plus de 50 heures par semaine.
Alors, un bon avocat est-il destiné à ne pas compter ses heures ? 🙄
Pas forcément. En effet, le métier d’avocat est réputé pour son exigence, qu’il s’agisse de la charge de travail ou de la disponibilité. Pour autant, 3/4 des répondants considèrent qu’un bon avocat n’est pas nécessairement quelqu’un qui ne compte pas ses heures.
Dès lors, ce chiffre refléterait une prise de conscience croissante de l'importance d'une bonne qualité de vie au travail. Les professionnels du droit réalisent peut-être que travailler sans arrêt ne garantit pas automatiquement un travail de qualité supérieure (prenez des notes les pépins, c’est aussi valable pour votre façon d’étudier).
Il est également possible que cette opinion soit liée à un changement plus général dans la culture professionnelle, qui prend de plus en plus en compte l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les avocats peuvent avoir compris que travailler excessivement peut nuire à leur santé, à leur vie personnelle et à leur vie familiale, ce qui peut finalement nuire à leur efficacité.
La conciliation vie personnelle/vie professionnelle
La conciliation vie personnelle/vie professionnelle (35 %) est également un facteur qui génère beaucoup de stress chez les praticiens du droit. Près de la moitié d’entre eux (46 %) déclarent même qu’ils n’en sont pas satisfaits.
Le manque de libertés et d’équilibre au centre du débat
En réalité, cette conciliation peut être difficile à gérer lorsque les horaires de travail sont très exigeants et que la plupart des avocats culpabilisent de quitter le cabinet “trop tôt” (64 % des répondants déclarent se sentir mal à l’aise de quitter le cabinet avant 19h !).
🕊 Pour rééquilibrer la balance, 43 % des répondants ont cité qu’une liberté de travail plus importante (horaires, vacances…) les rendraient plus theureux. Ils sont à peu près autant (42 %) à déclarer qu’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle les rendrait plus heureux dans l’exercice de leur profession.
🎤 « On nous vend la profession comme une passion, qui nécessite une disponibilité permanente (vous êtes avocats 24/24 et 7/7j). J'ai peur de perdre ma vie sociale et mon temps pour moi. Et même si je pense que le fond me plairait beaucoup plus qu'un poste de juriste en entreprise par exemple, les abus, les horaires extra étendus "normaux" (je fais 45h/semaine pour une convention prévue à 35h) et la charge mentale impliquée par la profession d'avocat m'en dégoûtent avant même d'y rentrer. Les avocats disent que les jeunes n'ont plus le sens des responsabilités, plus d'ambition, plus le sens entrepreneurial … Ça n'a rien à voir, je veux juste un travail qui me plaît, mais qui n'est pas toute ma vie. Et c'est normal » indique une élève-avocate.
Un système de télétravail insatisfaisant
Un autre facteur d’épanouissement est cité par plus de 31 % des avocats : plus de flexibilité et d’autonomie. Et plus particulièrement, la “flexibilité sur le télétravail”, qui figure parmi les trois principales choses qui contribueraient à rendre plus heureux ceux qui portent la robe.
58 % des sondés estiment que le système mis en place par leur cabinet concernant le télétravail n’est pas du tout ou pas trop satisfaisant. Des règles plus claires et équitables, moins de “flicage”, plus de flexibilité, seraient des éléments qui sembleraient donc participer à un meilleur bien-être au travail.
La technicité des dossiers
En troisième position sur le podium des causes de stress, on retrouve la complexité des dossiers. 37 % des collaborateurs interrogés affirment se sentir anxieux face à la technicité de certains dossiers.
Et cela, peu importe qu’il s’agisse d’avocats exerçant à titre individuel ou de plus grandes structures. La technicité des dossiers est une source de pression pour plusieurs raisons :
Elle implique souvent la nécessité de produire, parfois sans bonne formation de la part du manager, un travail précis et complexe ;
Les délais sont serrés ;
La pression de facturation est élevée de la part des managers et des clients pour obtenir des résultats positifs.
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Le mauvais management comme facteur de stress
35 % des collaborateurs citent le management dans leur top 3 des facteurs les plus importants de stress.
🎤 « Personnellement, je constate plusieurs problèmes chez les avocats :
les avocats qui recrutent ne sont pas formés au management et estiment qu'ils n'en ont pas besoin ;
Ils ont aussi tendance à répéter les comportements (parfois inacceptables) qu'ils ont eux-mêmes subis quand ils étaient collaborateurs : le problème est que les mentalités ont changé depuis » témoigne cet élève-avocat.
Des relations parfois toxiques
À en croire les chiffres de notre enquête, les relations entre les dirigeants de cabinets d’avocats et leurs collaborateurs et salariés (assistants, paralegals…) peuvent parfois être compliquées. De plus, la perception des relations diverge selon que l’on est collaborateur ou associé !
Par exemple, 41 % des répondants n’estiment pas du tout ou pas vraiment avoir des relations saines avec leur manager !
Pour mieux comprendre ces relations, on a donc demandé aux sondés de sélectionner un ou plusieurs sentiments se rapprochant le plus de ce qu’ils ressentent actuellement à l’égard de leurs supérieurs actuels :
➡️ 23 % des répondants avouent ressentir du mépris à l’égard de leurs supérieurs, soit plus d’1 sur 5.
➡️ Toutefois, 69 % des répondants ressentent de l’admiration ou de l’affection à l’égard de leurs supérieurs.
➡️ Enfin, il y a également ceux qui sont totalement indifférents à l’égard de leurs managers (23 %).