La méthodologie du commentaire de texte en droit est souvent négligée par les étudiants, car cet exercice juridique est perçu comme facile. Pourtant, le commentaire de texte nécessite une méthodologie rigoureuse et de solides connaissances : introduction, plan, problématique, rédaction… Voici tout ce que vous devez savoir pour réussir votre commentaire de texte.
Sommaire :
Exemple de commentaire de texte corrigé
Comprendre l’exercice du commentaire de texte en droit
Pour comprendre l’exercice du commentaire de texte, il est impératif de savoir ce dont il s’agit : commenter, c’est interagir pour analyser, expliquer, exposer, ce qui impose un raisonnement juridique spécifique lorsqu’il s’agit d’un commentaire de texte en droit.
D’ailleurs, les textes sont de différentes natures, des plus communes (article de doctrine) aux plus farfelues (tweet de membres du Gouvernement, nos enseignants ont de l’inspiration).
Définition du commentaire de texte en droit
En droit, le commentaire de texte est un exercice qui vous demande d’analyser un texte afin de le commenter à l’aide de vos connaissances juridiques, qui vous permettront de l’interpréter pour en tirer un raisonnement intéressant.
Commentaire → selon Larousse (mais vous pouvez appeler Robert si vous préférez) il s’agit de l’action :
1/ D’expliquer, développer un texte → le synonyme étant « paraphraser », on comprend que ce n’est pas la définition appropriée pour notre exercice ;
📚 Méthodologie : En tant que bons juristes et/ou enseignants que nous sommes, nous devons poursuivre l’enquête. Quel que soit l’exercice juridique que vous devez réaliser (dissertation, commentaire d’arrêt, cas pratique ou plus largement commentaire de texte), vous êtes tenus d’analyser les termes. Il est impératif d’en comprendre le sens pour être en mesure de bien les utiliser. C’est cela le « manque de rigueur » que l’on vous a reproché dans vos copies. Il fait référence à une utilisation aléatoire des termes qui trahit un manque de compréhension. D’abord, on fait le tri parmi ce qui nous intéresse et ensuite, on creuse encore plus ! Expliquer → OK pour le commentaire, mais sans paraphraser. Lorsque vous expliquez un texte, c'est pour en établir le sens, comme dans un commentaire d’arrêt (le sens, la valeur, la portée). Mais, il ne s’agit pas de le reformuler. Vous pouvez expliquer le texte si vous le reliez à vos connaissances. Alors, à tous ceux qui pensent que pour faire un commentaire de texte, il n’y a pas besoin de maîtriser son cours, vous pouvez rebrousser chemin. Pour réaliser un commentaire de texte réussi, il est indispensable d’avoir des connaissances afin de produire un contenu qui n’est pas superficiel et de ne pas vous retrouver à paraphraser. Interpréter → bien sûr que le travail du commentaire impose une interprétation du texte par rapport aux connaissances juridiques dans lesquelles vous pouvez l’inscrire (encore ?!). On insiste évidemment, pas de connaissances, pas de commentaire (d’ailleurs pas d’exercice juridique quel qu’il soit, vous ne naissez pas juriste). ⚠️ Attention : cela dit, notre vieil ami Larousse nous dit que le synonyme d’interpréter est « présenter », ce qui nous mène à introduire le sujet, donc, on resterait au niveau de l’introduction. Si l’on voulait pousser le travail d’investigation comme des experts, il nous faudrait rechercher la définition d’interpréter et son étymologie, mais clairement, vous êtes là pour savoir comment réussir un commentaire de texte, nous allons donc abréger. Critiquer → Larousse précise « porter sur une œuvre littéraire ou artistique un jugement, l'examiner en détail, en faire la critique », avec pour synonymes → discuter, étudier, examiner. Cette fois, on tient notre piste. Le commentaire de texte, c'est un petit mélange d’explication, d’interprétation et de critique pour discuter un texte que vous examinez à la loupe à l’aide de vos connaissances. Vous ne pouvez rien discuter si vous ne savez pas ce dont vous parlez. |
De texte → il s’agit de réaliser ce cheminement intellectuel sur un matériau sous forme de… texte. On y revient un peu plus tard.
Objectifs du commentaire de texte en droit
En droit, le commentaire de texte est un exercice poursuivant trois objectifs (les 3 C) : contextualiser, commenter et critiquer un texte juridique.
En d’autres termes, l’objectif principal est de travailler votre esprit critique. Vous devez être en mesure de mobiliser vos connaissances pour porter un jugement sur une position doctrinale, par exemple.
Évidemment, les enseignants veulent voir si vous avez compris le texte, mais ce n’est pas l’objectif premier de cet exercice stimulant. Il s’agira plutôt de l’un des objectifs de son introduction.
En somme, ne vous lancez pas dans la rédaction de votre exercice juridique si vous n’avez pas compris ce que le correcteur attend de vous, ok ? Allez, suivez-nous, on vous explique tout !
Contextualiser le texte pour mieux l’analyser
Le premier objectif du commentaire de texte, que l’on doit retrouver dans l’introduction, est de contextualiser le texte et de comprendre les raisons de son écriture.
Tout texte a une raison d’être (ratio legis) : a-t-il été adopté suite à un débat politique ? En raison d’une évolution juridique ? Commenter le texte, c’est aussi comprendre pourquoi son auteur a décidé de l’écrire.
Voyez le texte comme une histoire ou une anecdote : sortie de son contexte, elle peut perdre tout son sens. Par exemple, si l’on vous dit que votre voisin a tué quelqu’un, alors il est un meurtrier.
En revanche, l’histoire n’a pas la même ampleur si vous savez que votre voisin a simplement marché sur le lacet d’une personne et que cette chute a (malheureusement) entraîné la mort de la personne en question (homicide involontaire).
Cela n’excuse en rien la mort de cette personne, mais il y a une différence entre tuer une personne de sang-froid et un accident.
Pour bien contextualiser votre texte, posez-vous les bonnes questions et notez les réponses sur votre brouillon :
Dans quel contexte économique, historique, juridique et politique ce texte a-t-il été écrit ? ;
Qui est l’auteur du texte ? ;
Quelle est sa profession ? ;
Quels sont ses positionnements juridique et politique ?
Commenter le texte au regard du cours
Le deuxième objectif du commentaire de texte en droit est de commenter le texte au regard de vos cours magistraux et de vos travaux dirigés (TD). Cet aspect devra apparaître dans vos développements.
Autrement dit, un commentaire de texte réussi est un commentaire qui alterne entre citations du texte et explications de cours (arguments, exemples).
Contrairement à ce que pensent les étudiants, il n’est pas possible de rédiger un bon commentaire sans maîtriser son cours (ou la méthodologie juridique). En effet, commenter le texte ne consiste pas simplement à expliquer les phrases une par une : votre correcteur sait lire !
Vous devez expliquer le sens de la phrase au regard de la loi, de la jurisprudence ou encore de la doctrine. Cela signifie que pour avoir la moyenne,
vous devez prouver à l’examinateur que vous avez compris les enjeux de votre texte ainsi que les débats qui l’entourent.
Souvent, le texte consiste en l’énoncé de généralités : expliquez-les et approfondissez le propos.
Par exemple, s’il est écrit : « En France, sous la Vᵉ République, le Premier ministre est un dirigeant suprême. Le président de la République est à la tête de l’État ce que sont les conditions générales d’utilisation à un produit : inutile ! ». |
Une telle affirmation doit impérativement être commentée : montrez, par vos connaissances de cours (régime de la Vᵉ République, pouvoirs du Premier ministre, etc.), qu’il s’agit d’un texte engagé et critique à l’égard de ces fonctions.
N’hésitez pas à utiliser des exemples pour soutenir votre propos. Un parallèle avec la célèbre locution du Général de Gaulle selon laquelle le président de la République serait réduit à « inaugurer les chrysanthèmes » peut ici être réalisé.
Or, si vous n'avez pas révisé votre cours, vous irez probablement dans le sens de l’auteur et vous pouvez être sûr de ne pas avoir la moyenne.
🎤 Témoignage : « En L1 Droit, je n’étais pas très assidu. En conséquence, au moment des partiels, je n’ai révisé que le strict minimum. En droit constitutionnel, je savais pertinemment que le sujet était un commentaire de texte, ce qui m’a encouragé à bâcler les révisions de cette matière. Le texte avait l’air simple, l’auteur donnait toutes les caractéristiques d’un régime présidentiel, je n’avais qu’à les commenter. Ce que je ne savais pas, c’est que le texte était totalement ironique : l’auteur faisait une critique du régime et il ne s’agissait absolument pas de ses réelles caractéristiques… En réalité, notre professeur voulait voir qui avait révisé et qui s’était reposé sur ses lauriers. Autant vous dire que j’ai pris un aller simple pour les rattrapages ! », Matéo, L2 Droit, Rennes. |
Critiquer le texte
Le troisième objectif du commentaire de texte, le plus important, est de critiquer le texte au sein de vos développements.
Il s’agit bien évidemment d’une critique constructive qui permet de mettre en évidence la logique du raisonnement de l’auteur par rapport au droit, son ironisation des institutions, ou au contraire son approche extrêmement controversée de l’obligation de délivrance du vendeur.
Vous l’aurez compris (on l’espère, sinon commentez l’article que vous lisez), la critique ne signifie pas écrire « ce texte est bien » ou « il n’est pas correct », mais de comprendre le raisonnement de l’auteur et les raisons qui l’y conduisent en tentant d’apporter votre approche critique, mais juridique de ceux-ci.
La critique du texte permet de montrer à votre correcteur que vous avez compris les enjeux et tensions qui entourent votre texte. C’est aussi le moment où vous pouvez apporter votre appréciation juridique personnelle, afin de différencier votre copie de celles des autres étudiants :
Êtes-vous d’accord juridiquement avec les propos de l’auteur ? Le cas échéant, quels sont vos arguments fondés juridiquement ? ;
Le texte est-il, selon vous, pertinent juridiquement ? ;
L’engagement de l’auteur influence-t-il son argumentation ? C’est important que vous preniez de la hauteur entre un texte « neutre » (ex. : un article du Code civil) et un avis d’un auteur sur sujet déterminé (cet avis n’étant pas une vérité absolue, mais le fruit d’une réflexion, avec potentiellement une prise de position)*.
Évidemment, votre commentaire ne doit pas être politisé, mais si le texte à étudier l’est. Constater que l’auteur du texte est engagé n’est qu’un élément utile dans la compréhension du texte.
Quels types de texte faut-il commenter ?
À l’université en droit, vous aurez à commenter des textes types :
Extrait d’un discours politique ;
Extrait d’un débat (parlementaire, politique) ;
Extrait d’ouvrages « collectifs » (mélanges de plusieurs textes) ou d’actes de colloques ;
Extrait de manuel juridique ;
Texte doctrinal, quel que soit son support.
Articles de presse (ça peut arriver) ;
Travaux parlementaires ;
Extraits de rapports ;
Circulaire ;
Décisions de justice (ce qu’on appelle plus communément « commentaire d’arrêt » ou de « décision » → la décision reste un texte, mais spécifique, c’est pourquoi on en a fait un exercice spécifique, avec des exigences de raisonnement légèrement différentes) ;
Articles de loi, décret (vous trouverez cet exercice sous l’intitulé « commentaire d’article », avec, également, une méthodologie légèrement spécifique, mais l’article reste aussi un texte) ;
Etc.
Vous l’aurez compris chers pépins, il existe une variété de textes qui peuvent faire l’objet d’un commentaire de texte juridique.
Quelles sont les attentes des correcteurs pour gagner des points ?
Pour gagner des points en commentaire de texte, il faut coller aux attentes des correcteurs qui sont :
Présenter le texte → l’introduction doit être fluide et claire pour que le lecteur sache ce dont parle le texte, quel problème il soulève et comment vous allez y répondre ;
Commenter le texte → c’est-à-dire en tirer une analyse juridique à partir des connaissances pour expliquer la position de l’auteur et la critiquer par rapport au droit ;
Équilibrer le devoir → les parties et sous-parties doivent être équilibrées pour que le lecteur soit en mesure de suivre votre raisonnement qui tient sur 4 pieds et pas 2 et demi parce que vous avez fait du I.A. la suite de l’introduction et du II. B. un cagibi ;
Faire du droit → vous êtes étudiants en droit, il semble évident que l’attente principale d’un correcteur soit que vous fassiez du droit. Lorsque vous commentez un texte, il faut établir un lien avec vos connaissances juridiques et donc les utiliser pour justifier vos positions critiques.
En somme, il est impératif d’intégrer des fondements juridiques sinon, votre travail sera superficiel. Attention, il ne suffit pas de les énumérer, mais de les exploiter pour appuyer votre raisonnement qui se veut rigoureux.
Le correcteur attend que vous respectiez la méthodologie juridique du commentaire de texte qui impose :
Une introduction qui respecte un cheminement (sur lequel on revient) ;
Une problématique (sauf exceptions. Par exemple, certains n’en exigent pas en « commentaire d’article ») que vous tirez du texte en le liant (encore ?!?!) avec vos connaissances) ;
Deux parties, une dichotomie qui laisse comprendre l’orientation que vous donnez à votre critique du texte ;
Des sous-parties qui précisent vos deux grands axes (donc, on ne fourre pas tout et n’importe quoi dans les sous-parties pour réciter son cours, il y a un raisonnement logique à tenir en partant du texte. C’est un exercice de « va-et-vient » entre le texte et le cours).
Et la conclusion ?
Comme en dissertation, en droit, on n’exige pas de conclusion en commentaire de texte, car votre devoir se suffit à lui-même. Si vous avez besoin de conclure, c’est que le contenu n’est pas suffisamment limpide. Or, votre raisonnement doit être clair.
💡 Bon à savoir : pensez à soigner votre copie sur la forme pour aller chercher « le point en plus » (ou éviter d’en perdre bêtement) en évitant les ratures, une calligraphie douteuse ou des fautes d’orthographe dans chaque lettre. Pensez également à aérer la copie en sautant des lignes. En revanche, évitez d’en faire un sapin de Noël en y mettant de la couleur en veux-tu en voilà. |
9 étapes pour réussir son commentaire de texte
Pour avoir la moyenne et réussir votre commentaire de texte, vous devez impérativement en maîtriser la méthodologie. Pour cela, 9 étapes doivent être respectées dans cet ordre (de préférence, si vous voulez un raisonnement solide et plus facile à dégager, qui vous apportera des points) :
Étape 1 : la lecture et l’analyse du texte ;
Étape 2 : le lien avec les connaissances ;
Étape 3 : la problématisation ;
Étape 4 : la construction du raisonnement en deux temps ;
Étape 5 : l’élaboration du raisonnement au brouillon ;
Étape 6 : la formulation des intitulés ;
Étape 7 : la préparation de l’introduction ;
Étape 8 : la rédaction du fond ;
Étape 9 : la relecture.
Étape 1 : Lire et analyser le texte
Lire et analyser le texte implique une lecture répétée, analytique et attentive du texte (oui, il ne s’agit pas seulement de « lire », car ça, nous savons que vous en êtes capable).
Une lecture répétée du texte
Une bonne lecture est une lecture répétée. Une erreur de méthodologie que commettent souvent les étudiants : se jeter sur le texte, stabilo à la main, pour tout surligner. Avouez, vous l’avez tous déjà fait au moins une fois…
Ne mettez pas la charrue avant les bœufs (une expression qu’on adore) ! Obligez-vous à faire une première lecture du texte sans stylo ni surligneur.
Celle-ci vous permettra de prendre connaissance du texte : quel est le sujet ? Qu’avez-vous compris ? Si une phrase ne vous semble pas claire, prenez le temps de la relire. Une mauvaise compréhension entraînera forcément un mauvais commentaire.
Ensuite, faites une deuxième lecture, cette fois-ci plus lente et analytique (on y vient juste après), en prenant des notes au brouillon si des éléments vous passent par la tête (inutile, en revanche, de raisonner pour l’instant).
Enfin, la dernière lecture est ce qu’on appelle ici une « lecture attentive ». Vous devez vous concentrer sur le texte pour saisir le sens de chaque élément, l’orientation du raisonnement de l’auteur que vous connectez avec vos connaissances. Pas de connaissances en droit, pas de commentaire juridique.
Alors, lorsque votre cerveau fume par vos oreilles, respirez un instant, buvez une gorgée (ou plus) d’eau, puis recommencez la lecture. Vous ne devez pas passer d’éléments. Concentrez-vous un instant sur la phrase et comprenez l’articulation de chaque terme pour en former le sens.
Une lecture analytique du texte
Pour que votre lecture soit efficace, vous devez l’adapter à la taille du texte. Une erreur que vous ne devez pas commettre est de croire que la taille du texte a un rapport avec sa difficulté. Un texte court n’est pas nécessairement synonyme de simplicité, au contraire !
Plus votre texte est court, plus vous devez redoubler de vigilance : chaque mot a son importance. Faites attention aux conjonctions de coordination, à la ponctuation, aux choix des verbes, etc.
Par exemple, « et » n’a pas la même signification que « ou ». |
Au contraire, si votre texte s’étend sur 2 ou 3 pages, vous devez dégager le pertinent du superflu. Il se peut que votre texte soit répétitif, mais vous, vous ne devez pas répéter la même chose dans toutes vos parties (sinon, cela signifie probablement qu’il y a un problème d’organisation dans vos idées…).
Vous devez vous demander si l’auteur répète son propos par simple pédagogie ou si une nouvelle information a été introduite.
Dans le cadre d’un commentaire de texte, peu importe le sujet, il y a 6 éléments que vous devez toujours relever. Afin de n’en oublier aucun, retenez cet acronyme : l’ADN du SIC.
✅ 1er élément : l’auteur. Connaître l’auteur d’un texte est fondamental. En effet, son parcours d’études, son parcours professionnel ainsi que ses positionnements juridique et politique peuvent vous aider à comprendre et à commenter ses propos.
Par exemple, si votre texte est fortement orienté politiquement, connaître la famille politique de son auteur vous permettra de savoir si le texte est objectif ou engagé. |
✅ 2e élément : la date. Les dates sont extrêmement importantes, d’autant plus lorsque le texte est juridique et/ou politique. S’il s’agit d’un projet de loi, vous devez connaître le droit antérieur ainsi que les débats doctrinaux autour du projet pour produire un bon commentaire. S’il est question d'un texte politique, faites attention à la date : si un président de la République fait un discours dans le cadre d’une campagne électorale, vous devez analyser le texte avec du recul.
🍊 Petite astuce : n’hésitez pas à noter les dates importantes sous forme de frise chronologique au brouillon.
✅ 3e élément : la nature. La nature du texte est un des éléments les plus importants, car elle donne beaucoup d’informations.
Par exemple, un article de loi est censé être neutre, avec un vocabulaire précis*, tandis qu’un article de doctrine doit défendre un point de vue : on y retrouvera une opinion juridique personnelle. *Comme notre législateur, réfléchissez au vocabulaire que vous employez : chaque terme à son importance. Il ne sert à rien d’écrire sur votre copie tous les mots que vous connaissez sur une thématique… Votre correcteur veut savoir si vous savez employer les bons mots au bon endroit (il se fiche de connaître l’étendue de vos connaissances en vocabulaire juridique). |
Étudiez toutes les caractéristiques des formes de texte qui pourraient vous être soumises afin de savoir quoi analyser le jour de l’examen. En principe, vous pourrez être amené à commenter un article de loi (ou de la Constitution) [Ndlr : voir la méthodologie pour réussir un commentaire d’article de loi ?], un projet de loi, un article de doctrine, un discours politique ou un extrait de manuel.
Tenez, par exemple, le 16 juin 1946, le Général de Gaulle a prononcé le discours de Bayeux. Vous avez de nombreux éléments à analyser ici :
Éminent président de la République sous la Vᵉ, le Général de Gaulle a marqué, à plus d’un titre, l’histoire de la France. Figure importante de la Libération, personnage caractéristique de la Vᵉ République, cet ancien militaire a posé les bases de la République proclamée le 4 octobre 1958 qu’il a fait évoluer en faveur de la prééminence du président de la République.
Lorsque vous voyiez cette date, vous comprenez qu’il a été prononcé avant la IVe République qui date du 27 octobre 1946.
Un discours fait référence à un développement tenu oralement, généralement devant un groupement de personnes. |
✅ 4e élément : le sujet. Quelles sont les thématiques abordées ? Souvent, les étudiants ont tendance à vouloir placer leurs connaissances juridiques dès qu’ils le peuvent. Avant de le faire, soyez sûr que votre propos est bien en lien avec l’une des thématiques du texte. Si ce n’est pas le cas, cela ne sera pas pertinent.
Par exemple, si vous devez commenter les conditions de validité du contrat, il ne sert à rien de déballer tout votre cours de droit des contrats. Et si l’on revient sur notre exemple du discours de Bayeux, il s’agit, pour résumer grossièrement, d’une allocution lors de laquelle le Général de Gaulle a énoncé la conception qu’il retenait des institutions qui devaient être celles de la République. Ce discours n’a pas été suivi pour la IVe République. En revanche, les institutions de la Vᵉ République, tel qu’elles ont été conçues dans la Constitution du 4 octobre 1958, s’en rapprochent. Il a fallu attendre un peu, mais ses causeries ont fini par prendre vie ! |
✅ 5e élément : le contexte. Un texte est nécessairement le résultat d’une évolution historique, d’un débat politique, d’un changement juridique, etc.
Par exemple, s’il s’agit d’un texte doctrinal, demandez-vous dans quel contexte celui-ci a pris naissance. Résulte-t-il d’une longue discorde juridique ? |
✅ 6e élément : l’intérêt. Comprendre l’intérêt du texte implique de comprendre pourquoi l’auteur l’a écrit. Quel était le but ? Le texte avait-il une vocation particulière ?
Par exemple, s’il s’agit d’un texte doctrinal, demandez-vous pourquoi l’auteur l’a-t-il écrit ? Comprenez la raison d’être de votre texte pour en faire un commentaire pertinent. Mais demandez-vous surtout pourquoi ce sujet est juridiquement intéressant. Par exemple, le Discours de Bayeux avait été prononcé par le Général de Gaulle à l’aube de la IVe République (1946). N’était-ce pas afin de donner une orientation à suivre pour stabiliser les institutions ? Quel intérêt de soumettre ce texte à votre étude ? L’intérêt est d’analyser la pensée du Général de Gaulle bien avant la Ve République et de voir qu’il avait déjà pensé les institutions de cette manière avant 1958. |
Dégager l’intérêt d’un sujet (y compris en dissertation) c’est répondre à la question de savoir pourquoi ce sujet est intéressant (juridiquement, donc si vous n’avez pas de connaissances, vous ne pourrez pas répondre à cette interrogation fondamentale pour dégager la problématique juridique posée).
Enfin, une fois que vous aurez terminé cette lecture très analytique au brouillon, faites une troisième lecture en classant vos idées sur votre brouillon. Par exemple, si trois arguments vont dans le même sens, surlignez-les en jaune. Choisissez une autre couleur pour une autre thématique, etc.
Cette dernière lecture doit vous donner des idées de plan et vous permettre de prendre de la hauteur pour vous concentrer sur les thématiques et les problématiques abordées.
Une lecture attentive du texte
L’étape la plus essentielle pour réussir votre commentaire de texte est la lecture attentive de ce texte. Aussi simple que cela puisse paraître, beaucoup d’étudiants passent à côté de cette étape fondamentale.
Ils lisent trop rapidement le texte, ce qui conduit inévitablement à un mauvais commentaire pour cause de hors sujet ou simplement d’une mauvaise compréhension du raisonnement de l’auteur.